lundi 14 mai 2012





Les signes de Lourdes


1.    La grotte de Massabielle vient de Massa Bielle ce qui veut dire Roche Veille. A l’époque des apparitions de Marie à Bernadette, la grotte est le lieu où l’on vient garder les cochons, on l’appelait la «La  tute aux cochons ».

2.    Le rocher, la Grotte : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours ? »
De tous les signes de Lourdes, le rocher de la Grotte est à mon avis le plus fondamental. Peut-être sommes-nous invités à retenir devant l’image du rocher, que le Christ est notre rocher spirituel. Dans la Bible il y plusieurs références à des rochers, des grottes ou des terres rocheuses :
·         Elie qui se cache dans la grotte et qui rencontre Dieu dans le souffle d’une brise légère. Dans les Psaumes, Dieu qui est comparé à notre abri, notre secours, « Dieu est mon roc et ma forteresse, mon libérateur, c’est mon Dieu. Je m’abrite en Lui, mon rocher, mon bouclier et ma force de salut, ma citadelle. » Ps 18,3
·         J’ai retenu 3 images de rocher en lien avec Jésus : Le Rocher de Noël : la grotte de Bethléem, où Jésus naît au milieu de nous. Le  Rocher du Thabor : Montagne de feu, où Jésus est transfiguré au milieu de nous. Le Rocher de Pâques : Grotte du St Sépulcre, où Jésus meurt et ressuscite au milieu de nous.
Nous pouvons voir dans le signe de la Grotte l’image de Dieu qui est notre rocher, notre force, notre soutien, notre abri. Ici, à Lourdes, je pense que nous sommes invités à faire une démarche intérieure pour rencontrer le Christ ce Rocher sur lequel nous pouvons nous appuyer et fonder notre foi. En touchant le Rocher, c’est comme si nous recevions l’accolade de Dieu, solide comme le roc. Ce Dieu qui est notre Père et qui nous enlace comme son enfant bien aimé.

3.    Le cœur  et la Lumière de la Grotte : L’Eucharistie

La grotte de Lourdes est toujours dans le sombre, le soleil ne vient jamais au fond de la grotte, même lors du solstice d’été. Mais ce rocher, cette grotte va être éclairée de la plus belle des lumières, celle de Marie qui vient à la rencontre de Bernadette et qui par elle vient à la rencontre de tous les hommes qui viennent à Lourdes.
Aujourd’hui ce qui éclaire cette grotte, ce rocher est bien plus lumineux que le grand bougeoir de cierges : la statue de Marie n’est pas au centre, c’est l’autel qui se trouve au centre. Cet autel où est célébré chaque jour la messe. Les pèlerins communient au Corps du Christ pour former le Corps du Christ qui est l’Eglise. Hier comme aujourd’hui, les pèlerins de Lourdes comprennent que le cœur de la grotte c’est le Christ. Le cœur de la démarche à la grotte trouve sa source et son sommet dans l’Eucharistie.

4.    La source, «  Allez boire à la source et vous y laver. »
C’est lors de la 9ème apparition, le 25.02.1858, que Bernadette grattant dans la boue de la grotte sur les indications de Marie, fait jaillir une source. D’abord une flaque d’eau boueuse, puis de plus en plus claire, cette source n’est pas créée à cet instant, mais elle surgit de la terre comme une offre de vie nouvelle : ce n’est pas un autre monde qui nous est présenté, mais le notre qui est visité, réveillé par la grâce. La vie va renaître de l’eau, fécondée au souffle de l’Esprit. Sur chemin, nous pouvons recueillir l’espérance, telle que Dieu la suscite au long des âges, pour y répondre parfaitement en Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie, hier, aujourd’hui et toujours.
·         Nous pouvons trouver dans la Bible beaucoup de texte en lien avec l’eau source, je reteindrais la réponse de Jésus à la Samaritaine dans l’évangile de Jean (4, 14) : « Qui boira de l’eau que je lui donnerais n’aura plus jamais soif ; l’eau que je donnerai deviendra en lui, source d’eau jaillissant en vie éternelle. »

5.    La source de la Grotte : Source de Vie
La source évoque le côté transpercé du Christ, d’où s’écoulèrent le sang et l’eau. Devant cette source chacun existe avec ses déserts et peut être lui-même en accueillant le pardon de Dieu. Cette source invite le pèlerin à puiser force et vie dans la Parole et le Pain Eucharistique afin que le Christ devienne en lui Source de vie.

1.    La lumière : « Je suis l’Immaculée Conception »
Le 1er jour de la création, Dieu dit : « Que la lumière soit, et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres (Gn 1,3). La lumière a été créée au même titre que la terre, l’eau et le vent ; mais Dieu ne dit jamais : « Je suis l’eau, je suis la terre, je suis le vent. » En revanche, chaque personne de la Trinité dit : « Je suis la lumière », comme si elle seule disait l’immensité de l’Amour de Dieu. Ainsi, dire que Dieu est lumière, c’est dire l’essentiel. Et Jésus dit : « Moi, je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres mais aura la lumière de la vie »(Jn 8,12)
Cette lumière est également celle de la prière, de l’extase, cette lumière visible sur le visage de Sainte Bernadette et invisible sur celui de Marie, qui est enveloppée de la lumière du Christ. Lors de la 10ème apparition, Bernadette va mettre ses mains pendant 10 minutes sur son cierge, durant le temps que dura son extase devant la Vierge, et Bernadette ne sera pas brûlée. Lors des apparitions Bernadette agenouillée à la Grotte et en extase devant la Belle Dame est toute blanche. Des témoins disaient que les joues de la jeune fille étaient pâles, comme si elles étaient traversées par la lumière. Mais d’où vient cette lumière, une réponse donnée par une lourdaise : « C’est la Belle Dame qui l’éclaire ». Ce petit récit peut nous renvoyer à l’évangile de la Transfiguration en St Matthieu : «  Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère et les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. » (Mt 17, 1-2). Marie, la Belle Dame de la grotte n’est pas la lumière : Elle est revêtue du Christ, elle est enveloppée de la Lumière du Christ. Et comme par ricochet, comme un reflet, comme une grâce, on peut dire que Bernadette est aussi revêtue de la lumière du Christ.
1.    Le Christ marche avec la foule, les malades et les hospitaliers « Allez dire qu’on vienne en procession »
Ce verset tiré du livre de l’Apocalypse résonne à merveille à Lourdes : "J'ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes les nations, races, peuples et langues."(Ap 7,9)
Lors de la 13ème apparition Marie a confié à Bernadette ce message : « Allez dire aux prêtres de bâtir ici une chapelle et qu’on y vienne en procession  » Voilà 153 ans que des hommes et des femmes du monde entier répondent à la demande de Marie. Ils mettent leurs pas à la suite du Christ, formant l’Eglise, ce peuple en marche.
La foule des petits et des pauvres ressemble celles de Palestine, lorsque Jésus passait et était au milieu d’elles, présence des Béatitudes : Heureux les petits, les pauvres, aller en marche. Pauvres, malades, gens en service, enfants qui chantent, lèvres qui murmurent, peines portées dans le regard, espérance : tout ensemble, la foule nous rappelle une humilité infinie. Nous sommes de cette foule que Dieu aime. Nous y apprenons Dieu. Nous y écarquillons les yeux, étonnés, bouleversés de l’immensité de l’Amour de Dieu, qui voit ainsi passé des foules et s’y attardent, y prend demeure, car il les aime. Dans cette foule, nous pouvons mesurer la grandeur du pardon qui habite le cœur de Dieu. Et la foule devient en chacun de nous, chant d’espérance infinie, éclat jaillissant de bonheur. Mais nous entendons aussi l’appel à être nous aussi des artisans de pardon, de bonheur, de consolation, de paix, comme ceux que Jésus appelait auprès de lui pour servir, comme lui, les foules sans berger. Nous entrevoyons et comprenons que le pardon reçu est une ouverture d’un chemin de service et de don.
Lourdes est la terre des petits, des malades, des pauvres de notre temps : c’est dans la logique même des apparitions, de la rencontre de Marie et de Bernadette. Les signes de Lourdes sont mis en place en dehors de tout calcul humain. On vient puiser à la source la conversion et la paix. On se rassemble pour célébrer le Christ. On reconnaît le visage de Dieu sous les traits du frère et du malade qui viennent à Lourdes en mendiant d’amour.
Parler des malades revient à parler des hospitaliers, car il n’y a pas de malades sans les hospitaliers à Lourdes. Ils sont comme les doigts d’une même main. Les uns et les autres sont des pèlerins. Bernadette est la « sainte hospitalière et la sainte de l’hospitalité. Bernadette la malade est le modèle des malades. Bernadette l’infirmière de Nevers devient le modèle de ceux qui les accompagnent. Par cette double compétence, Bernadette peut nous conseiller sur notre propre vocation, nous aider à découvrir les qualités que nous pouvons développer et les défauts à étouffer. Mais alors qui accompagne qui me direz-vous ? La réponse est simple ils se soutiennent et s’encouragent mutuellement. Ensemble, ils luttent avec la force du Christ, qui n’aime pas plus qu’eux la souffrance. Quand Jésus dit à chacun de nous : « Prends ta croix et suis-moi » il ne leur dit pas : « Viens, tu vas souffrir avec moi ». Il dit « Entre avec moi dans l’Amour » Et ce n’est pas une santé chancelante qui va nous dispenser de le suivre, car on ne peut pas vivre sans amour et on ne peut pas aimer sans souffrir, mais souffrir en aimant, ce n’est pas souffrir, c’est aimer.
Avec les malades et les hospitaliers, nous avons la même vocation à Lourdes, nous répondons à tous à cet appel de Marie : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici ? »